L’hétéronormativité désigne un ensemble de normes qui impose l’hétérosexualité comme modèle dominant des relations affectives et sexuelles. Élaboré à partir des travaux féministes et queers d’Adrienne Rich et Michael Warner, ce concept repose sur l’idée que l’hétérosexualité serait universelle et que les relations seraient fondées sur la différence et la complémentarité des sexes. Elle impose une binarité stricte, où tout être humain comme étant soit homme soit femme, et légitime exclusivement les couples hétérosexuels.
Ce modèle hiérarchise donc les relations en plaçant l’hétérosexualité au sommet, tout en rendant invisibles les expériences non conformes à ces normes, qu’elles soient queeres ou non. En effet, Monique Wittig a montré que l’hétéronormativité exerce aussi une pression sur les personnes hétérosexuelles en valorisant des formes de relation spécifiques, telles que le couple monogame et la famille nucléaire, tout en stigmatisant toute relation en dehors de ce cadre. Paradoxalement, l’hétéronormativité se retrouve aussi chez certaines personnes homosexuelles qui reproduisent ces schémas relationnels : c’est l’homonormativité. Bien que cela puisse favoriser une meilleure intégration sociale pour celles et ceux qui s’y conforment, cette approche marginalise les identités et relations queeres.
Il faut mettre plus de fluidité dans les échanges que l’on a, autour des sujets concernant les relations, la sexualité et les genres.
L’hétéronormativité concerne ainsi tout le monde, notamment sur les plateformes de rencontre qui reproduisent souvent ces normes en structurant les interactions autour de catégories rigides : de genre (homme ou femme) et d’orientation sexuelle (hétéro-, homo-, et parfois bisexualité). C’est donc collectivement qu’il faut remettre en question ces cadres, par exemple, en précisant ses pronoms dans son profil, pour montrer son soutien aux personnes pour qui cet aspect est essentiel pour se sentir respectées et en sécurité. De même, lors des échanges, il est important de ne pas présumer de l’orientation sexuelle, car la personne peut être bisexuelle, ni de son sexe ou de son identité de genre, car elle pourrait être trans*. Questionner les scripts de rencontre traditionnels, tels que les attentes concernant qui doit initier une conversation ou comment une relation doit se dérouler, est aussi une façon d’éviter de reproduire des schémas normatifs.
Au-delà des normes, l’amour se vit indépendamment du sexe, de l’identité de genre, et parfois même en dehors du couple. En s’émancipant des cadres relationnels traditionnels qui imposent des attentes rigides, les plateformes de rencontres pourraient alors encourager des rapports plus ouverts, basés sur l’écoute et la bienveillance, tout en créant des espaces où on pourrait s’épanouir librement, qu’importe les formes que prennent les relations.