Au début, je croyais que j’avais juste été ghostée. Disparition soudaine, plus aucun message, silence radio. Douloureux en soi, mais classique. Sauf que quelques semaines plus tard, il est revenu tout sourire dans mes messages, comme si de rien n’était.
Et quand je lui ai dit que sa disparition m’avait blessée, il m’a répondu : “Franchement, tu dramatises. Tu te souviens, je t’ai dit que j’aimais prendre mon temps.”
Et là, j’ai compris : je n’avais pas été seulement ghostée, mais ghostlightée… la version “gaslightée” du ghosting, quand la personne revient et te fait croire que tu exagères, tu as mal compris ou tu dramatises.
L’art de disparaître… puis de réécrire l’histoire
La personne te ghoste, puis revient en réécrivant le passé : “Je t’avais prévenu.e que j’étais pris.e en ce moment”, “On ne s’était rien promis.es”, “Tu t’es emballé.e.”
Et toi, à force d’entendre ces phrases, tu finis par douter. De toi, de ce que tu as compris, de ce que tu as ressenti.
Malheureusement, c’est ça, le pouvoir du ghostlighting : te faire croire que ton souvenir est faux, jusqu’à ce que ce soit toi qui finisses par t’excuser.
Le ghostlighting ne blesse pas par les mots, mais par le flou. Il brouille les repères, fait vaciller la confiance, et installe cette petite voix dans ta tête qui murmure : “Et si c’était moi le problème ?”
Les psychologues le décrivent comme une forme de manipulation émotionnelle, subtile mais destructrice. Il sème la confusion, érode l’estime de soi, et peut même créer une dépendance affective envers la personne qui en est à l’origine.
En bref : il ne brise pas d’un coup, il fissure lentement, jusqu’à faire douter de sa propre réalité.
Pourquoi c’est si courant (et si déroutant)
Parce qu’à l’ère du dating moderne, l’évitement est devenu un sport national et le silence est souvent plus simple qu’une explication honnête.
Mais ce qui rend le ghostlighting encore plus toxique, c’est son effet miroir : on te fait douter de ton ressenti, comme si c’était toi le problème.
Les experts en relations l’expliquent bien : ce comportement est souvent motivé par la peur du conflit, la culpabilité et souvent le besoin de garder l’autre “sous le coude”. Résultat : on entretient le flou, on laisse l’autre espérer un “et si” au lieu d’un vrai refus.
Comment savoir si on t’a ghostlighté.e ?
Tu te demandes si tu as déjà vécu ça ? Voici quelques indices :
- il.elle disparaît sans prévenir, puis revient avec un ton ultra détendu, comme si de rien n’était
- l’autre minimise ta réaction : “tu dramatises un peu, non ?”
- il.elle inverse les rôles : tu finis par culpabiliser de “l’avoir mal pris”.
Bref, tu passes du “il.elle m’a ghosté.e” au “est-ce que c’est moi qui suis fou.folle ?”.
Ce que ça m’a appris
D’abord, que le doute n’est pas une forme de faiblesse, mais un signal d’alarme. Quand quelqu’un remet en question ta mémoire, ton ressenti ou ta valeur, ce n’est pas de la subtilité émotionnelle, c’est de la manipulation.
J’ai aussi compris que le silence est déjà une réponse et que les retours “comme si de rien n’était” n’ont rien de romantique. Ce ne sont pas des retrouvailles, juste une manière de reprendre une place qu’on n’a pas méritée.
Aujourd’hui, quand quelqu’un refait surface après m’avoir ghostée, je ne cherche plus d’explication. Je ferme la porte doucement, mais définitivement. Et s’il me glisse un “Hey 😊ça fait longtemps”, je réponds poliment :
“C’est marrant, ton timing : pile quand je t’avais oublié. Allez, ciao.”
