Les rencontres d’aujourd’hui se font souvent sur écran. C’est rapide, fluide, et parfois sans suite. Mais derrière cette facilité d’accès à l’autre, se cachent aussi des comportements qui laissent des traces.
Lexique de la lâcheté moderne
Des silences pesants, des retours inattendus, des demi-relations floues… Bienvenue dans le vocabulaire des désillusions numériques.
Ghosting : tout couper sans un mot
Le ghosting consiste à disparaître du jour au lendemain, sans explication. Un jour, la personne vous écrit avec enthousiasme, le lendemain… plus rien. Aucun message, aucune réponse, comme si la relation n’avait jamais existé.
C’est souvent brutal pour celui ou celle qui reste sans nouvelles. Ce silence provoque plus qu’un doute : il laisse place à l’incompréhension, voire à la remise en question personnelle. Pourtant, ce geste n’est pas lié à la personne ghostée. Il reflète surtout un évitement du conflit ou de l’inconfort.
Le ghosting peut arriver à n’importe quel moment. Après quelques messages, après un premier rendez-vous, voire après plusieurs semaines d’échanges. Plus c’est inattendu, plus c’est déstabilisant. Et plus vous aviez l’impression que ça se passait bien, plus la chute est difficile à accepter.
Benching : garder quelqu’un « au chaud »
Ici, la personne ne disparaît pas, mais elle ne s’engage pas non plus. Elle entretient un lien léger, relance de temps en temps, répond sans proposer. Cela donne l’impression qu’il y a peut-être quelque chose… mais jamais maintenant.
Ce benching, mot issu du banc de touche dans le sport, place l’autre en attente. Ni dedans, ni dehors. Ce flou devient frustrant, car il empêche d’avancer, tout en laissant planer l’espoir.
Concrètement, ça ressemble à quoi ? Des messages sporadiques, des réponses cordiales mais sans relief, des « on se voit bientôt » qui n’arrivent jamais. La personne maintient juste assez de contact pour que vous ne l’oubliez pas, mais jamais assez pour que quelque chose se concrétise.
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Inscrivez-vousZombieing : le retour du silence
Le zombieing, c’est lorsque quelqu’un qui avait complètement disparu refait surface sans prévenir, comme si de rien n’était. Un message banal, un emoji, une réaction à une story… Le but ? Rallumer quelque chose sans s’expliquer.
Cela crée souvent un mélange d’étonnement et de doute. Pourquoi revenir maintenant ? Que veut cette personne ? Là encore, aucune réponse claire, juste une tentative de réactiver une connexion sans engagement réel.
Le timing est rarement anodin. Ça arrive souvent quand vous commencez à aller mieux, quand vous avez fait le deuil de cette relation. Ou bien quand l’autre traverse une période difficile et cherche une validation facile.
Pourquoi ces comportements se répandent-ils ?
L’essor des applis de rencontres a changé la donne. On est continuellement en contact avec plusieurs personnes à la fois. On se sent moins engagé.e, plus remplaçable. Résultat :
- La communication se fragilise
- L’abondance crée une forme de zapping émotionnel
- Il est plus facile de fuir que d’assumer
- Les profils se multiplient, l’attention se disperse
Ce n’est pas une question de génération, mais de contexte. L’écran permet l’évitement. Et il faut parfois un vrai effort pour rester humain.e dans un monde digitalisé.
L’illusion du choix infini joue aussi un rôle. Quand on a l’impression qu’il y a toujours quelqu’un d’autre à portée de swipe, on investit moins dans chaque rencontre. On garde des portes de sortie, on évite les conversations difficiles.
Comment s’en protéger (et ne pas les reproduire)
Face à ces attitudes, il est tentant de répondre par le même détachement. Mais ce n’est pas forcément la meilleure solution. Il est possible de poser ses limites, de prendre du recul, et de choisir la clarté plutôt que le flou.
Repérer les signaux faibles
Certains comportements annoncent souvent une coupure à venir :
- Les réponses deviennent vagues ou espacées
- Les projets sont toujours remis à plus tard
- Les paroles sont belles, mais les actes absents
- Les conversations restent superficielles
Il est important de ne pas voir cela comme un défi à relever. Si une relation devient floue, cela ne veut pas dire qu’il faut insister pour la clarifier. Parfois, la meilleure décision est d’accepter l’ambiguïté pour ce qu’elle est, et de se recentrer sur soi.
Décoder les messages ambigus
Vous recevez un « Coucou, ça va ? » après trois semaines de silence. Pas d’excuse, pas de contexte. Vous avez le droit d’ignorer, de poser une question directe ou de dire non. Il n’y a pas de bonne réaction, seulement celle qui vous semble juste.
Parfois, mieux vaut ne pas répondre du tout. Ce n’est pas de la méchanceté, c’est de la préservation. Vous n’êtes pas obligé.e de vous rendre disponible pour quelqu’un qui ne l’est pas pour vous.
Miser sur la communication directe
Même dans une relation naissante, il est possible de dire les choses clairement. Cela ne veut pas dire tout expliquer dans le détail, mais simplement reconnaître que l’autre existe et mérite un minimum de respect.
Dire « Je sens pas que ça ne colle pas » ou « Je préfère arrêter là » n’est pas agréable à formuler, mais c’est souvent plus libérateur pour les deux personnes. Cela évite les zones d’ombre, les doutes, les attentes vides.
La franchise, même brève, vaut mieux que le silence. Un simple « Je ne me sens pas prêt.e pour une relation » peut épargner des semaines d’interrogations à l’autre personne.
Se reconstruire sans attendre de validation
Être ghosté.e, benché.e ou zombié.e ne veut pas dire que vous valez moins. Cela signifie seulement que l’autre n’a pas su gérer le lien. La tentation est grande de chercher à comprendre, de vouloir une explication, voire une revanche.
Mais votre valeur ne dépend pas du retour d’un message. Elle se construit dans ce que vous choisissez de cultiver : des relations sincères, équilibrées, réciproques.
Prenez le temps de digérer. Parlez-en à vos proches si ça vous aide. Mais ne restez pas bloqué.e sur cette expérience. Elle dit plus sur l’autre personne que sur vous.
Créer des liens plus authentiques
Les cruautés amoureuses modernes existent, mais elles ne sont pas une fatalité. En prenant conscience de ces mécanismes, vous pouvez mieux les éviter, les repérer, et surtout, ne pas les reproduire.
Cultiver l’empathie numérique
Derrière chaque profil, il y a une personne avec ses émotions, ses espoirs, ses fragilités. Même si vous ne ressentez pas d’étincelle, vous pouvez choisir de le dire avec respect plutôt que de disparaître.
Cela ne demande pas des heures d’explication. Juste une phrase honnête. « J’ai passé un bon moment mais je ne sens pas d’alchimie. » Point. C’est déjà beaucoup.
Poser ses limites dès le départ
Vous avez le droit d’attendre une communication claire. Vous pouvez le faire savoir, sans ultimatum mais avec fermeté. « J’apprécie qu’on soit direct, ça m’aide à mieux comprendre où on en est. »
Si quelqu’un vous fait du benching, vous pouvez simplement dire : « J’ai l’impression qu’on tourne en rond. Tu es partant.e pour qu’on se voit cette semaine ou tu préfères qu’on arrête là ? »Pas de chantage, juste de la clarté.
Garder une part d’humanité
Le dating peut être un terrain d’humanité, même dans sa version numérique. Ce qui compte, c’est ce que vous décidez d’y mettre : du respect, de l’écoute, de la clarté. Et un peu d’humour, quand les choses deviennent trop floues pour être prises au sérieux.
Parfois, il suffit de se rappeler que de l’autre côté de l’écran, il y a quelqu’un qui ressent les mêmes doutes, les mêmes espoirs que vous. Cette simple pensée peut changer votre façon d’aborder les rencontres.
Alors oui, vous croiserez peut-être encore des ghosters, des benchers, des zombies. Mais vous saurez les reconnaître. Et surtout, vous saurez que vous méritez mieux. Des relations où on se parle, où on se respecte, où on assume ses choix. Ça existe encore, même à l’ère du swipe.