Nous voilà face à face. Et la personne que nous rencontrons enfin – nous aimions bien nos échanges – ne correspond pas à l’idée que nous nous en faisions. Nous savions bien sûr que, d’après une photo, nous ne pouvions deviner sa gestuelle, sa langueur ou son pétillant. Mais nous avions, malgré nous, imaginé quelqu’un. Et ce quelqu’un n’est pas au rendez-vous.
ÉBLOUIES ET CONQUISES
Si d’emblée nous sommes séduites tout ce que nous avions cru et supposé de l’autre s’évanouira d’un coup. Nous serons pleinement dans notre présent, heureuses de cette rencontre inattendue. Nous n’aurons plus alors qu’à composer avec notre émotion, ce qui ne sera pas une mince affaire… S’il y avait alors un conseil à donner, ce serait de ne pas se faire un film trop précis de la suite des événements, que cette première impression ne saurait garantir. Pour surtout profiter de l’instant.
PAS COMME JE L’IMAGINAIS
Mais si d’abord, lors de la première rencontre, nous sommes perturbées par ce décalage entre ce que nous imaginions et ce qu’il en est, nous risquons alors de nous crisper. Cette contrariété peut nous enfermer dans le refus définitif de nous ouvrir à cet autre. Puisqu’il nous a déjà trahies en n’étant pas celui que nous croyions. Bien que lui-même n’ait rien dit et, encore moins, promis…
UNE PREMIÈRE IMPRESSION BASÉE SUR L’INTUITION ?
La parade, pour justifier ce refus immédiat, sera : « Je ne l’ai pas senti ». Nous invoquerons notre fameuse intuition – que les garçons possèdent aussi ! – pour expliquer notre hostilité et notre fin de non-recevoir. Une première impression qu’il s’agit alors de mettre en doute : est-ce bien cet autre qui ne me plaît pas ? Chaque rencontre réclame, pour être accueillie, de se défaire des images fantasmées que nous avions de l’autre, et de nous avec lui, et de comment cela aurait pu se dérouler. Il va falloir composer avec des données impossibles à deviner d’avance, et nous n’y sommes pas toujours prêtes …
DES DÉFENSES À FAIRE TOMBER
Cette première impression, quand se dressent nos défenses, est donc à questionner. Est-ce vraiment l’autre qui est en cause ? Ne sommes-nous pas tentées de nous défiler devant l’inconnu qui s’ouvre à nous ? N’avons-nous pas peur, aussi, de ce que l’autre a lui-même imaginé, et auquel forcément nous ne correspondons pas ? C’est seulement lorsque nous aurons baissé la garde, pour être à l’écoute de cet autre, que nous pourrons sonder notre intérêt naissant, ou notre ennui grandissant.
EMETTRE DES DOUTES SUR SA PREMIÈRE IMPRESSION
Il n’est évidemment pas question de dire oui à quiconque émet le désir de nous revoir, mais de nous laisser une chance de surmonter des peurs qui, tout le monde le sait, ne sont pas bonnes conseillères. Nos désirs inconscients se signalent souvent par la crainte qu’ils soulèvent, par nos efforts pour les refouler. Il n’est pas rare, d’ailleurs, qu’un mépris apparent ou qu’un air cordial soient les prémisses d’un grand amour…
