N’en déplaise aux plus conservateurs qui voudraient ne voir la société qu’en rose bonbon et bleu ciel, « un homme un vrai », qu’il soit imberbe ou moustachu, peut lui aussi, verser quelques larmes… sans perdre une once de sa « masculinité ».
Les notions de « masculin » et « féminin », parfois un brin archaïques, sont en pleine révision. Et c’est une très bonne chose, parce que les émotions sont comme les anges : elles n’ont pas de sexe. Que l’on soit homme, femme, non-genré, homo, hétéro, bisexuel, pansexuel, asexuel… le droit de s’émouvoir est universel, loin de l’image qui voudrait faire des larmes la propriété exclusive de la gent féminine. Aujourd’hui, l’homme sensible sort du placard (un mouchoir à la main), et espère sincèrement que les générations futures n’entendront plus jamais : « Un homme, ça ne pleure pas ».
Adieu stéréotypes de genre : les femmes n’ont pas le monopole des sentiments
L’égalité des sexes n’est pas seulement un « combat de femmes ». Depuis toujours, le féminisme s’attaque aux représentations patriarcales des deux sexes et aux constructions genrées binaires qui en découlent. C’est ce qu’a si bien dit Emma Watson dans son speech culte sur la campagne #HeForShe à l’ONU, lorsqu’elle rappelait à ces messieurs qu’ils étaient, (et avaient toujours été) les bienvenus dans la lutte pour l’égalité. Dans ce même discours, elle racontait avec émotion la découverte de son propre militantisme en citant des exemples, dont celui de ses amis hommes, « incapables d’exprimer leurs sentiments », des trémolos dans la voix.
Libérés, délivrés, les hommes libres de pleurer
Au sein de ces normes sociales si définies, il peut être difficile de s’épanouir… Si le cliché de la femme (en rose) obligatoirement « belle », pas trop grande gueule et soumise est en perte de vitesse, celui de l’homme (en bleu) grand, fort et dominant persiste dans les représentations collectives. Mais plus pour longtemps : metrosexuels, lumbersexuels ou normcore, on vous aime avec un cœur proche des cordes vocales, et des glandes lacrymales. Ce n’est pas pour rien que le mot « Bisounours », à la fois sensible et viril, est masculin. D’ailleurs, voir Bruce Willis, Nicolas Cage, Tom Cruise, Will Smith, Jason Statham, Hugh Jackman, ou encore Normas Reedus pleurer à l’écran n’a en rien altéré leur image d’homme avec un grand H. Prendre le risque de surpasser ce tabou est une preuve de force insoupçonnée. Oserez-vous ouvrir les vannes pour une vie plus riche en émotions, plus puissante en sensations ?
Tout… sauf des « male tears »
Le seul type de larmes qu’on ne veut pas voir, ce sont « male tears » que certains hommes, blessés dans leurs privilèges sociaux, versent sur la toile à propos des combats égalitaristes. Dès qu’une injustice sexiste est pointée du doigt, ils s’empressent de rappeler que « tous les hommes ne sont pas comme ça » (#notallmen, oui oui, on sait). Pas que l’on n’apprécie pas le clin d’œil à Calimero, mais ces larmes de crocodile ont une fâcheuse tendance à détourner le problème que l’on veut dénoncer et pour le coup, montrent une réelle faiblesse : un vrai manque d’empathie et d’altruisme de la part de leur propriétaire. Tout comme il faut choisir ses combats, il faut s’interroger sur ce qui nous touche.